Depuis que la crise économique produit ses effets jusque dans la vie quotidienne des Français, ceux-ci semblent désormais plus enclins à privilégier les placements liquides et les dépenses à court terme, au détriment des produits d’investissement et même du crédit.

Les Français moins enclins à s’engager à long terme

Ainsi, dans un contexte économique de plus en plus tendu, et en l’absence de perspectives encourageantes à brève échéance, les ménages français mobilisent de plus en plus leur épargne sur des produits de placements liquides, tels que les livrets par exemple, afin de pouvoir disposer de leur argent à tout moment, avec pour objectif d’éviter de recourir au crédit en cas de dépenses.

En effet, en 2011, les français ont été nombreux à retirer tout ou partie de leur épargne pour payer des dépenses habituellement financées par un crédit ; d’autres ont choisi d’acheter des biens immobiliers avec un maximum d’apport au comptant, minimisant ainsi le poids de leurs futurs remboursements, et d’autres enfin ont préféré opter pour un remboursement anticipé de leurs différents emprunts, y compris les prêts immobiliers.

Un rééquilibrage des solutions d’épargne

On note donc un essor important de tous les livrets bancaires, malgré la perte de confiance que connaissent les établissements financiers accusés par de nombreux épargnants d’avoir plus ou moins entraîné la dégradation actuelle de leur condition économique.

Or, cette préférence pour les placements liquides se fait mécaniquement au détriment des autres produits d’investissement à plus long terme, assurances-vie et titres d’OPCVM notamment. Cette tendance est d’autant plus marquée que l’écart de rémunération entre livret et produits moins liquides devient minime. Désormais, face à l’assurance-vie en particulier, les livrets ordinaires deviennent très compétitifs, à commencer par le très conventionnel livret A : non seulement leurs taux sont presque équivalents, mais ils proposent surtout une épargne totalement liquide, disponible à tout moment, garantie et défiscalisée. Le transfert des économies des ménages s’établit donc tout naturellement en faveur des livrets.

Les banques réduites à servir de tirelires

Cette situation donne finalement l’impression d’arranger les banquiers qui collectent 95% des encours de livrets en France (contre 50% seulement des encours de contrats d’assurance-vie par exemple). Mais cette aubaine est toutefois contrebalancée par la baisse du recours à l’emprunt ainsi que par la progression des opérations de rachat de crédits.

Car l’heure n’est décidément plus aux dépenses inconsidérées et les épargnants peinent aujourd’hui à se projeter dans l’avenir ; ils s’efforcent au contraire d’assurer leur quotidien en différant, voire en renonçant, à leurs projets à plus long terme, lesquels auraient jusqu’alors nécessité un recours au crédit, bien plus rémunérateur pour les banques que le seul service de compte « tirelire ».