Preuve de la confiance des investisseurs envers la France, notre pays a pu emprunter plus de 6 milliards d’euros à un taux négatif, anomalie historique qui nous permet de rejoindre le club très fermé des pays jugés très sûrs que sont l’Allemagne, la Finlande, l’Autriche, le Danemark et les Pays-Bas.
Le signe d’un dysfonctionnement de la zone euro
Cette aberration économique résulte principalement de l’effort consenti par les prêteurs pour inciter leurs meilleurs « clients » à s’endetter davantage. Or, de nombreux analystes considèrent qu’il n’y a pas lieu de s’enthousiasmer, même si on ne parle pour l’instant que d’obligations à court terme (3 et 6 mois) et le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, parle même quant à lui d’un signe évident de « dysfonctionnement des marchés à l’intérieur de la zone euro ». D’autant que les taux longs, à dix ans, sont eux aussi très bas (2,4%).
Car si ces conditions particulièrement avantageuses vont permettre à la France de maintenir son objectif de déficit public ramené à 4.5% d’ici la fin de l’année, ça montre également que la majorité des autres pays de la zone Euro, qui doivent parfois emprunter autour de 7%, n’inspirent plus confiance aux investisseurs. Et ces derniers sont alors prêts à perdre un peu d’argent avec la France ou l’Allemagne par exemple contre la certitude de retrouver leurs fonds à échéance.
La crainte d’un contrecoup à brève échéance
L’Europe n’est donc pas au mieux de sa forme et, sachant que lorsque l’Europe va mal, ce sont les états membres qui finissent par en payer le prix, certains craignent qu’on ait prochainement à subir le contrecoup de cette « aubaine » d’une manière ou d’une autre.
En attendant, bien que le taux moyen d’emprunt ait baissé de moitié pour la France depuis 2007, les Français, quant à eux, éprouvent toujours de grandes difficultés à emprunter auprès de leurs banques, notamment parce qu’on exige d’eux des garanties toujours plus contraignantes. Ainsi, pour alléger leurs mensualités, de nombreux emprunteurs n’hésitent plus à recourir au rachat de crédits afin de traverser la crise plus sereinement.